D'origine italienne puisque né près de Vérone en 1954, Marco Valoti est un homme de terrain habitué dès son plus jeune âge à être déplacé, puis à se déplacer lui-même." Je suis un nomade, un citoyen du monde, l'éternel étranger aussi. "

Son parcours est fait d'étapes, de haltes plus ou moins forcées. Milan, la capitale économique, c'est l'Italie des années soixante-dix et des luttes ouvrières. Puis la Suisse italienne en pleine crise d'identité, une minorité linguistique qui se vend aux plus offrants, et qui perd ses racines. A Lugano, avec Michelangelo Gonzato et Ramos de la Fuente, il fonde en 1985 le Mouvement Artistique Spostamentista, pour développer une recherche collective dans le domaine de l'imaginaire. " Des années de travail intensif que les critiques d'art regardent d'un œil intéressé mais circonspect. Nous voulions ouvrir les portes de nos ateliers et faire participer le public à une œuvre collective. Il s'agissait surtout de briser les tabous qui entourent la création artistique, de lever cette peur de l'inconnu, de démystifier l'artiste… "

Il voyage aussi, beaucoup. L'homme de terrain va à la rencontre des autres, Mexique, Moyen Orient, Espagne, USA, Ukraine, Cuba, îles du Pacifique. Sur place il travaille, loge chez l'habitant, ses carnets sont pleins de notes et de réflexions sur ce qu'il voit.

" Je hais le tourisme de masse qui pollue et souille les âmes. " Il se bat pour la mémoire et la dignité des hommes. Rocamadour, dans le sud-ouest de la France, où il s'installe en 1996, est un hasard qui lui permet une nouvelle explosion de créativité. Le sol est pauvre, le passé est riche, ce microcosme est un parfait reflet des luttes intestines qui secouent le monde. Son travail est un engagement. Il utilise sa créativité pour parler, pour se battre. Ce n'est pas l'art pour l'art qui inviterait à la contemplation passive. Son travail dérange et pose des questions, il entend la participation de celui qui regarde, dénonçant par là même la passivité consommatrice de nos sociétés. Son travail n'est pas statique, les techniques qu'il utilise servent de support, ce sont les instruments des messages lancés. Son art n'est pas technicité mais une technique au service d'une volonté toujours présente d'établir un dialogue.

Il n'est pas encore tout ce qu'il doit être. Son avenir est imprévisible, c'est à dire ouvert à faire. Son existence n'est pas écrite à l'avance, elle est de l'ordre de la surprise, il doit la forger lui-même dans l'incomplétude et les tâtonnements.

 

ACCUEIL