Air duduk, territoire d'un peuple en voie de disparition

Sisi ya

Yuwa sisi ya

Asa korama

Nana sisi wow

Nana sisi wow

Yi yi yi

Eeehhhhhhhh

C'est étrange comme tout dans notre civilisation me paraît médiocre. Si je pense à l'information télévisée, au journalisme, à l'art et à d'autres domaines encore, c'est comme un vaste container rempli de choses immatérielles où l'esprit se serait décomposé. J'aurais pourtant imaginé le contraire jusqu'à mon retour, mais je me suis trouvé face à un vide que je croyais plein, je l'ai trouvé insipide et douteux, confronté alors à un sentiment d'ennui décevant et désespérément artificiel. J'ai dormi dans le bruit assourdissant du moteur à l'aller comme au retour, allongé sur une palette, le dos en miettes mais il en aurait fallu beaucoup plus pour me gâcher le plaisir de ce voyage. Partout j'ai rencontré des personnes dignes de ce nom. Je les ai critiquées peut-être, il y a eu des désaccords sans doute, mais toujours j'ai été sous leur charme tant je les ai trouvées délicates à mon égard comme elles le sont entre elles, et d'une hospitalité totale. Puis j'ai eu ce désir que les paroles ne peuvent exprimer, donner vie à travers des estampes à ce qui a été le contact avec ceux et celles qui m'ont enseigné à être un peu plus humble même si tout leur savoir va se perdant, balayé par la civilisation de la consommation insipide. A travers une quarantaine d'estampes aux encres colorées, j'ai tenté d'exprimer les états d'âme, les espoirs mais aussi les souffrances que souvent nous leur imposons et dont, j'ai la conviction, ils n'ont nul besoin.

La marée était basse, air duduk comme on dit là-bas, les eaux assises.